Lundi 21 avril, la Fédération royale marocaine de basket-ball a pris une décision radicale : suspendre toutes les compétitions nationales, toutes catégories confondues. Officiellement, c’est l’assurance qui a claqué la porte, fatiguée d’attendre le règlement des impayés. Officieusement, c’est tout un système qui vacille.
Coupure d’Internet, salaires non versés, grève du personnel… La Fédération semble à genoux. Et le timing n’a rien d’anodin : cette suspension tombe à la veille des playoffs, quand la saison doit culminer. À la place du bruit des sneakers sur le parquet, un silence glacial.
La goutte de trop ? L’absence de la seconde tranche de la subvention ministérielle, censée financer la saison en cours. Le président de la FRMBB, Mostafa Aourach, accuse sans détour le directeur des sports d’avoir bloqué les fonds. Le ton est direct, les accusations lourdes.
L’effet domino s’est enclenché. Clubs paralysés, matchs annulés, joueurs à l’arrêt. L’Ittihad Tanger devait affronter le Wydad le jour même de l’annonce. Le match n’a jamais eu lieu. Pas d’assurance, pas de risque. Mais beaucoup d’amertume sur le banc de touche.
Dans les discours officiels, le basket-ball marocain est souvent présenté comme le deuxième sport le plus pratiqué du Royaume. Sur le terrain, la réalité est bien plus sèche. Équipe nationale en chute libre, élimination des qualifications à l’AfroBasket, désorganisation chronique.
Même l’élan suscité par l’accueil de la Basketball Africa League à Rabat n’aura été qu’une parenthèse. Une vitrine brillante, pendant qu’en coulisses, une assemblée générale stratégique était annulée. Ambiance.
Ce gel de la saison n’est pas qu’une affaire de budget. Il révèle une crise structurelle, un manque de vision, une rupture de dialogue entre la Fédération et le ministère de tutelle. Un jeu de responsabilités où chacun se renvoie la balle, pendant que les terrains se vident.
Joueurs, entraîneurs, clubs, bénévoles… tout l’écosystème paie la facture. Et les jeunes générations qui rêvent de basket voient leur horizon se rétrécir.
Ce sport ne manque ni de passion, ni de potentiel. Il manque de direction. L’urgence n’est pas seulement financière. Il faut un sursaut institutionnel, un plan clair, et surtout une volonté de replacer le basket dans une dynamique de développement réelle. En attendant, les ambitions sont suspendues. Comme la saison. Comme l’avenir du basket marocain.