Mercredi, les tensions commerciales ont franchi un nouveau palier. Les États-Unis ont appliqué une nouvelle série de droits de douane à l’encontre de 60 pays, touchant des secteurs clés du commerce mondial. Objectif affiché : rapatrier la production sur le sol américain.
La Chine, principal visé, se voit imposer une taxation cumulative atteignant 104 % sur certains produits, après une hausse brutale de 84 % annoncée dans un décret signé par le président Donald Trump. Une escalade qui suscite la colère de Pékin, bien décidé à réagir.
Pékin promet une réponse « ferme et vigoureuse »
Face à cette offensive tarifaire, la Chine n’a pas tardé à répliquer. Dès jeudi, Pékin portera ses propres droits de douane sur les produits américains à +34 points, en guise de représailles.
Le ministère chinois des Affaires étrangères parle d’un droit « inaliénable au développement » et promet de défendre ses intérêts économiques, dénonçant une logique de confrontation commerciale dictée par Washington.
Les marchés financiers s’effondrent
Les places boursières mondiales ont aussitôt réagi. Après un léger répit mardi, les marchés ont décroché mercredi. À Tokyo, le Nikkei chute de 3,93 %, tandis que Taipei plonge de 5,8 %. Séoul, elle, perd 1,73 %.
En Europe, la tendance est similaire : Paris (-2,84 %), Francfort (-2,37 %), Londres (-2,31 %), Milan (-2,78 %), Zurich (-2,86 %). Le pétrole tombe sous les 60 dollars le baril, son plus bas niveau en quatre ans. Le won sud-coréen touche un plancher inédit depuis 2009.
Premières ripostes économiques
Sous pression, la Corée du Sud annonce 2 milliards de dollars d’aides à ses constructeurs automobiles, pénalisés par une surtaxe de 25 %. La Nouvelle-Zélande ouvre la voie en abaissant ses taux à 3,5 %, suivie par l’Inde, qui cite un contexte international « difficile » pour justifier un taux directeur ramené à 6 %.
Dans l’Asie du Sud-Est, l’ASEAN, dont plusieurs membres sont frappés par des taxes allant jusqu’à 46 %, appelle à « agir avec audace » pour éviter une spirale destructrice.
Trump persiste, l’Europe tempère
Malgré la tempête financière, Donald Trump reste ferme. Il promet des « accords sur mesure », ciblant surtout ses alliés asiatiques. Devant des cadres républicains, il n’a pas mâché ses mots, affirmant que plusieurs pays « nous appellent pour nous lécher le cul ».
L’Europe, elle, joue l’apaisement. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a échangé avec Pékin pour éviter l’escalade. L’UE prévoit une riposte ciblée, avec des droits de douane de 25 % sur certains produits américains, mais entend épargner le bourbon afin d’éviter une guerre des spiritueux.
Alors que les pays en développement s’inquiètent des retombées, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, alerte sur les effets disproportionnés de cette guerre commerciale pour les économies les plus fragiles.
Le 17 avril, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, attendue à Washington, pourrait tenter une médiation. Mais pour l’heure, la ligne dure l’emporte, et les marchés en subissent les secousses.