C’est la fin d’un dispositif qui avait séduit une large frange d’investisseurs marocains. À compter de ce 3 avril, l’Espagne supprime officiellement le volet immobilier de son “visa doré”. Fini les titres de séjour en échange d’un bien à 500.000 euros. Le gouvernement espagnol tourne la page d’un modèle en vigueur depuis 2013, au nom de la lutte contre la spéculation et l’inflation immobilière.
Une opportunité envolée
Pour les ressortissants marocains, cette suppression rebat les cartes. Le marché immobilier ibérique représentait à la fois un placement sûr et un passeport pour l’espace Schengen. Outre la liberté de circulation, ce visa permettait de diversifier ses actifs tout en évitant les procédures classiques d’obtention de résidence. À fin 2022, le Maroc totalisait 152 millions d’euros d’investissements directs en Espagne, principalement dans les services, le commerce et l’immobilier.
Le pays occupait la 5e place des investisseurs africains, loin derrière l’Afrique du Sud (48 % du total) et l’Algérie (15 %). Désormais, le seuil d’entrée grimpe : un million d’euros pour les entreprises, deux millions dans les obligations d’État. Des montants qui excluent de facto une grande partie des profils auparavant éligibles.
Virage stratégique pour Rabat ?
Cette nouvelle donne pourrait servir d’accélérateur à une réflexion nationale. Le Maroc a l’opportunité de récupérer une partie de ces flux financiers, à condition de les canaliser vers des secteurs porteurs : énergies renouvelables, infrastructures, tourisme durable… Encore faut-il proposer un cadre attractif, avec des incitations fiscales, un cadre juridique stable et des projets bien structurés.
Certains investisseurs pourraient aussi se tourner vers d’autres pays d’Europe du Sud, comme le Portugal ou la Grèce, où les Golden Visas existent toujours, bien que soumis à des restrictions croissantes.
D’autres pistes, moins accessibles
L’Espagne n’a pas fermé toutes les portes. Le visa pour nomades numériques attire de plus en plus de télétravailleurs, avec un seuil financier plus modeste (25 000 euros) et des avantages fiscaux. D’autres options s’ouvrent via les startups, la recherche ou les plans de retraite. Mais elles exigent souvent des compétences spécifiques ou un accompagnement expert.
Pour les investisseurs marocains, la fin du visa immobilier n’est pas qu’un tournant réglementaire. C’est un signal : la carte immobilière facile à jouer n’est plus sur la table. Place désormais à des stratégies plus complexes – ou à de nouvelles opportunités à saisir, plus près de chez eux.
