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Témara : la gifle au caïd, au-delà du choc, l’exigence du droit

Par EL BARHRASSI Meryem -le -modifié le :

Témara : la gifle au caïd, au-delà du choc, l’exigence du droit
L’agression d’un caïd en plein exercice de ses fonctions à Témara a déclenché une onde de choc sur les réseaux sociaux. Derrière l’indignation, cet incident interroge sur le respect de l’autorité publique, les limites du pouvoir et la nécessaire primauté du droit dans un État de droit.

La scène est brutale, la gifle retentit au-delà de la vidéo. À Témara, une jeune femme, visiblement en état de colère, s’en prend physiquement à un caïd. L’agent d’autorité, pourtant en exercice, essuie plusieurs gifles sous l’œil impassible de témoins. Le tout filmé et relayé en boucle sur les réseaux sociaux.

 

L’affaire ne tarde pas à enfler, révélatrice d’un malaise plus profond entre citoyens et figures de l’autorité. La violence d’un tel geste n’est pas qu’une simple réaction épidermique, elle traduit un relâchement dangereux du rapport à l’État, à ses représentants, à la loi. Car dans cette affaire, au-delà des émotions, c’est la notion même d’autorité qui vacille.

 

Quand l’émotion prend le pas sur la loi

 

Invité de l’émission Istichara Kanounia sur MedRadio, l’avocat Saïd Naoui remet d’emblée les choses à leur place : « Face à la provocation, seule la loi reste le rempart contre l’escalade ». Une maxime qui résonne comme un rappel nécessaire dans un climat où les réactions immédiates l’emportent trop souvent sur la raison.

 

Le Code pénal est formel. L’article 263 sanctionne sévèrement toute forme d’outrage à un agent public. L’article 267 va plus loin et punit les violences physiques contre tout représentant de l’État. La gifle, si elle est symbolique, n’en demeure pas moins une agression passible d’une peine de prison ferme.

 

Or, l’avocat le martèle : « Rien ne justifie que l’on bascule dans la violence, surtout face à un représentant de l’État dans l’exercice de ses fonctions ». Ce rappel n’est pas anodin. Car si l’on excuse la gifle aujourd’hui, que cautionnera-t-on demain ?

 

Autorité versus abus de pouvoir : trouver l’équilibre

 

L’affaire de Témara soulève aussi une autre question, plus sensible encore : celle de la responsabilité des agents d’autorité eux-mêmes. Peut-on d’un côté exiger le respect absolu de l’autorité, tout en fermant les yeux sur les éventuels abus de cette même autorité ?

 

Sur ce point, Me Naoui est clair : « La loi encadre aussi l’action des agents d’autorité. Ils sont tenus de préserver la dignité du citoyen ». En d’autres termes, l’État ne peut se permettre de brandir l’autorité comme un bouclier si, en parallèle, ses représentants abusent de leur position. La légitimité de l’autorité publique repose sur l’exemplarité de ceux qui l’incarnent.

 

Une affaire symptomatique d’un climat de défiance

 

Ce qui s’est passé à Témara dépasse la simple altercation. C’est un révélateur d’un climat social où la défiance envers l’autorité se fait de plus en plus palpable. Et où la moindre étincelle peut embraser les réseaux sociaux, transformant un fait divers en affaire d’État.

 

La justice tranchera. Mais la société, elle, doit s’interroger. Comment réapprendre à respecter l’autorité sans sombrer dans la soumission ? Comment garantir que cette autorité, elle aussi, respecte les citoyens et leurs droits ? La réponse passe par une seule voie : celle de la loi, appliquée avec fermeté mais aussi avec équité.

 

Il ne s’agit pas seulement de condamner une gifle. Il s’agit de rappeler que la force de l’État ne se mesure pas à la capacité de ses agents à réprimer, mais à celle de la société tout entière à croire encore dans la justice et dans la primauté du droit.


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