Le vendredi dernier, l’arrivée d’un navire cargo de la compagnie danoise Maersk Line à Tanger Med a attiré l’attention. Rapidement, des soupçons ont émergé : le cargo pourrait transporter des armes destinées à Israël. Ces suspicions se sont amplifiées par les accostages répétés de navires israéliens dans ce port depuis l’année dernière. Pourtant, Maersk Line a nié toute présence d’armes à bord, affirmant que le navire se dirigeait vers le sultanat d’Oman sans escale prévue en Israël.
Ces accusations, initiées après des déclarations espagnoles, ont déclenché une vive polémique. Les autorités espagnoles avaient en effet annoncé que deux navires, "Maersk Denver" et "Maersk Saltair", partis de New York, ne s’arrêteraient pas en Espagne. Cette information, diffusée le 7 novembre, a alimenté les craintes d’une déviation vers Tanger, renforçant ainsi les appels à la vigilance.
BDS appelle au boycott des cargos suspects
Le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), fervent défenseur de la cause palestinienne, a rapidement réagi. Dans un communiqué, BDS a exhorté le Maroc à interdire l’accès à ses ports aux navires soupçonnés de transporter du matériel militaire destiné à Israël. Selon le mouvement, il est urgent que le Royaume se penche sur le contenu du "Maersk Denver", exigeant même une inspection immédiate et transparente des cargaisons.
Le groupe a rappelé le contexte sensible en Israël et dans les territoires palestiniens, dénonçant l'éventualité que du matériel militaire en provenance du Maroc puisse contribuer aux opérations en cours. Cet appel fait écho aux récentes décisions de l’Espagne, qui a refusé à ces mêmes navires l’accès à ses ports, alimentant un climat de méfiance envers les opérations de Maersk dans la région.
Maersk contre-attaque et dément
Face aux rumeurs, Maersk Line a rapidement répliqué en déclarant via la télévision danoise que ses navires ne transportaient ni armes ni munitions. La compagnie a même interdit l’accès du "Maersk Denver" au port d'Algésiras pour éviter toute confusion. Cependant, certains rapports, dont ceux de "Middle East Eye", ont mis en avant que Maersk n’a pas écarté la possibilité que certaines cargaisons soient bien destinées à Israël, suscitant ainsi de nouvelles interrogations.
De son côté, Maersk a questionné l’Espagne sur son refus d’accoster, laissant entendre que ce changement d’attitude pourrait être lié à une nouvelle position politique sur les expéditions militaires. Ce flou a renforcé la méfiance autour des opérations de la compagnie, poussant les autorités espagnoles à ouvrir une enquête.
L’Espagne et le Maroc sous pression
Les autorités espagnoles ont ouvert une investigation pour clarifier la nature des cargaisons. Selon la télévision danoise, les deux navires avaient demandé à faire escale en Espagne les 8 et 14 novembre, mais ces demandes ont été rejetées. Enrique Santiago, député espagnol, a appelé le procureur général à empêcher leur entrée, évoquant de possibles infractions au droit pénal.
Au Maroc, des appels à l’enquête se multiplient, notamment au sein du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Ce dernier demande une vérification complète du cargo ayant accosté à Tanger et la transparence des résultats. Le PJD avait déjà sollicité des explications après des informations sur le transit d’équipements militaires vers Israël, rendant cette affaire d’autant plus cruciale pour la crédibilité des autorités portuaires marocaines.