À l’Agora Tech, installée au Village APEBI du GITEX Africa, les débats ont pris une tournure plus engagée. Ce 15 avril, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la Tech for Good n’étaient pas de simples tendances. Elles sont devenues des urgences à traiter, des leviers à maîtriser.
Premier à prendre la parole, Imad El Baraka, expert en cybersécurité, n’a pas mâché ses mots : l’Afrique est vulnérable. Le continent ne compte que 10.000 experts, quand il lui en faudrait vingt fois plus d’ici 2030. « L’Afrique ne doit pas seulement se défendre. Elle doit produire ses propres solutions », a-t-il lancé. Fini le mimétisme technologique. Place à l’invention.
Face à l’industrialisation du cybercrime, au déficit criant de compétences et aux attaques ciblant des infrastructures critiques, la réponse doit être collective. El Baraka plaide pour une stratégie mutualisée, des formations massives, et une montée en compétence ancrée dans les territoires.
Souveraineté et IA : deux chantiers, une urgence
Deux panels ont poursuivi la réflexion : souveraineté numérique, cloud, gouvernance, data, IA… Les mots étaient nombreux, les constats clairs. Les experts comme Emery Rubagenga (Rwanda ICT Chamber) ou Ghita Slaoui (Women for Cyber Africa) ont mis en garde : le cloud reste sous-utilisé, la donnée mal exploitée, l’IA encore mal encadrée.
La menace est double. D’un côté, l’intelligence artificielle permet de mieux anticiper les risques. De l’autre, elle devient l’arme préférée des cybercriminels. L’enjeu ? Créer une IA locale, éthique, souveraine. Une IA au service des citoyens, pas des intrusions.
Le digital, vecteur d’équité ou de fracture ?
L’après-midi, le débat s’est déplacé sur le terrain social. Santé, éducation, genre, services publics… les interventions ont révélé la puissance du numérique quand il est bien orienté. Lamiae Benmakhlouf (Technopark), Hajar Bouabdali (ministère de la Transition numérique), ou encore Rhizlane Benachir ont apporté des exemples concrets de technologie à impact.
« Ce n’est pas parce qu’on peut tout faire avec l’IA qu’on doit tout faire », a rappelé Saida Belouali, experte en éthique de l’IA. Une phrase qui résume l’esprit de la journée : penser, anticiper, réguler.
Un partenariat international pour renforcer l’écosystème
Autre moment fort : la signature d’un accord entre la Fédération APEBI et l’Agence néerlandaise des entreprises, visant à dynamiser la coopération technologique entre le Maroc et les Pays-Bas. Une ouverture à l’Europe pensée comme un levier de structuration pour les PME tech marocaines.
Dernier temps fort : la présentation d’un Livre blanc sur l’« entreprise agentique », où l’IA ne remplace pas, mais assiste. Moins de bureaucratie, plus de sens, plus de valeur ajoutée humaine. Un modèle qui s’esquisse dans l’ombre des géants… mais qui pourrait bien inspirer.
Le Village APEBI, vitrine de l’innovation marocaine
Avec 53 entreprises, dont 33 PME et startups labellisées PME TECH, le Village APEBI offre au numérique marocain un espace de visibilité rare. Soutenu par un réseau panafricain et international, il incarne l’ambition d’un digital marocain qui exporte, influence et s’impose.
Grâce à son ancrage national et à ses alliances africaines et arabes, la Fédération APEBI entend faire émerger une nouvelle génération de champions numériques marocains, au service d’une Afrique connectée, inventive et solidaire.