Ce n’est plus un simple échange de communiqués. C’est une cyber-riposte assumée, menée à coups de codes malveillants et de fichiers exfiltrés. Moins de 24 heures après la cyberattaque revendiquée par le groupe algérien “Jabaroot” contre des institutions marocaines — dont la CNSS —, un autre nom a surgi sur les écrans : “Phantom Atlas”.
Le groupe de hackers marocains, dans un message publié sur Telegram, revendique l’infiltration des systèmes internes de la MGPTT (Mutuelle générale de la poste et des télécommunications) ainsi que du ministère algérien du Travail. L’opération, selon leurs termes, visait à “rétablir l’équilibre” après ce qu’ils qualifient d’“agression numérique ciblée” contre le Maroc.
Données sensibles et démonstration de force
13 gigaoctets de données confidentielles. C’est le butin numérique que Phantom Atlas dit avoir extrait en moins de 24 heures. Des documents internes, des informations sensibles, et des éléments que les hackers décrivent comme révélateurs d’une “gestion administrative défaillante”.
Mais l’opération va plus loin qu’un simple piratage. C’est une mise en scène de la capacité de nuisance, un message à la fois technique et politique. « Vous avez sous-estimé nos capacités, voici les conséquences », prévient le groupe. Et d’ajouter : « Ce que nous avons publié n’est que le début ».
Le Sahara dans le code source
Ce cyberconflit, loin d’être abstrait, s’inscrit dans un climat de tensions régionales persistantes. Le dossier du Sahara marocain est ouvertement cité dans le communiqué des hackers. « Il n’est pas sujet à débat », tranche Phantom Atlas. La frontière numérique devient un prolongement de la ligne politique, une arène sans diplomatie, où le code remplace les notes verbales.
La CNSS tente de rassurer
Face au tumulte, la CNSS a reconnu mercredi avoir été la cible de tentatives d’intrusion, confirmant des fuites de données. Mais elle minimise l’ampleur du piratage : selon ses services, plusieurs documents diffusés seraient falsifiés ou sortis de leur contexte.
Des mesures de sécurité ont été enclenchées : protocole d’urgence activé, renforcement des infrastructures, et saisine du parquet. L’établissement appelle à la prudence dans la diffusion d’informations, rappelant les risques juridiques liés à la publication de contenus manipulés.
La guerre froide numérique
Derrière les lignes de code, deux récits antagonistes s’affrontent. Et ce qui n’était, il y a quelques années encore, que des joutes diplomatiques classiques, glisse aujourd’hui sur le terrain du cyberespace, où les frontières sont floues, les ripostes immédiates et les responsabilités diffuses.
Cette nouvelle forme de conflictualité entre Rabat et Alger illustre une chose : la cybersécurité n’est plus un enjeu technique, c’est désormais une arme stratégique, à manier avec précision… ou à subir avec fracas.