Chaque épisode de Rahma ravive une vérité brutale : dans ce pays, trop de femmes portent seules le poids d’un enfant en situation de handicap. Trop de pères fuient, lâchent prise, s’effacent dès que le diagnostic tombe, laissant la mère affronter le quotidien, le regard des autres, la misère et l’isolement.
Le handicap, dans sa dimension la plus intime, ne se résume pas aux chiffres ou aux promesses politiques. Il s’incarne dans ces mères courbées, épuisées, qui deviennent aidantes à plein temps, souvent sans soutien, ni moral, ni financier. Elles disparaissent peu à peu des radars de la société, usées par la charge physique, détruites par la charge mentale.
La série expose aussi un autre mal profond : la violence conjugale comme ultime fuite d’un père incapable d’assumer. Dans bien des foyers, le handicap devient le prétexte à la brutalité, à la désertion, à l’indifférence. Parce que dans un système encore gangréné par l’ignorance et les préjugés, c’est à la femme qu’on demande d’endosser la responsabilité, de payer le prix.
Et pendant ce temps, la société regarde ailleurs. Elle parle d’aides, de lois, d’inclusion… Mais sur le terrain, la réalité est tout autre : une mère surchargée face à un mur d’indifférence, des pères absents, des enfants invisibles.
Rahma dérange parce qu’elle force ce face-à-face avec un quotidien que l’on camoufle sous des discours lissés. Elle rappelle qu’au-delà des réformes et des slogans, c’est un changement de mentalité qui s’impose. Reconnaître ces mères, les protéger, les accompagner. Et surtout, rappeler aux pères qu’on ne démissionne pas de son rôle face à la fragilité d’un enfant.
Rahma n’est pas une série de plus dans la programmation du Ramadan. C’est une claque narrative, un miroir tendu à une société qui détourne trop souvent le regard. Et dans ce reflet, la question résonne : jusqu’à quand laissera-t-on ces mères se battre seules ?