Les marchés aux bestiaux ont connu un bouleversement sans précédent ce jeudi. En réponse à l’invitation Royale à ne pas accomplir le rite du sacrifice cette année, les prix des moutons se sont effondrés. À Sidi Hajjaj, Safi et Beni Meskine, certaines bêtes initialement proposées à 10.000 dirhams se négocient désormais à 5.000 dirhams. D’autres, vendues auparavant à 6.000 dirhams, ont vu leur prix tomber à 3.000 dirhams. Une chute vertigineuse de 50 % en l’espace de quelques heures.
Interrogé par Le Matin, Ibn Al-Réda Abdelhak, éleveur et membre de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), a confirmé cette tendance. Basé à Beni Meskine, l’une des principales régions d’élevage du pays, il souligne l’urgence d’un soutien aux éleveurs. Selon lui, des mesures d’accompagnement, telles que des subventions ou des primes, sont indispensables pour éviter une crise majeure dans le secteur.
Si le marché du bétail s’effondre, les prix des aliments pour animaux, eux, restent inchangés. Le foin continue de se vendre à 60 dirhams la balle et la luzerne (Al-Fassa) se maintient à 120 dirhams la balle, selon les éleveurs locaux.
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions sur le cheptel national. Lors du point de presse tenu après le Conseil de gouvernement du 13 février, le ministre de l’Agriculture a révélé une baisse de 38 % du nombre d’ovins par rapport à 2016, dernier recensement national. Cette contraction impacte directement la production de viande rouge et accentue la pression sur l’approvisionnement du marché.
Face à cette crise, le gouvernement a renforcé les importations de viandes bovines et ovines. Les droits de douane et la TVA ont été suspendus pour accélérer les arrivées. À la date du 12 février, le Maroc avait déjà importé 21.800 bovins, 124.000 ovins et 704 tonnes de viande rouge, des volumes bien supérieurs à ceux de l’année précédente.