Tout commence en novembre dernier, lors d’une soirée privée à Casablanca. Invitée par son fiancé, S.F. se rend dans une villa où se retrouvent des figures de la haute société marocaine. La jeune femme, alors âgée de 27 ans, décrit une ambiance festive, des discussions légères, et des moments de danse partagés avec son entourage.
Mais ses souvenirs s’arrêtent brutalement. « Mes dernières images sont celles d’un moment agréable, où tout allait bien. Je discutais avec une amie, mon fiancé à mes côtés. Ensuite, c’est le vide », confie-t-elle. Ce n’est qu’au matin qu’elle se réveille, désorientée, dans une chambre qu’elle ne reconnaît pas.
Une révélation troublante
C’est un appel de sa meilleure amie qui la tire de son sommeil. « Elle m’a dit que j’étais chez Kamil, le cousin de mon fiancé. Elle m’a parlé de comportements qui ne me ressemblent pas du tout, de regards perdus, d’attitudes désinhibées. J’étais choquée. »
Alors qu’elle descend les escaliers de la villa, S.F. croise un des invités. Celui-ci lui assure que rien d’anormal ne s’est passé. Mais un doute persiste. Peu après, une conversation avec l’hôte de la soirée, Kamil Bennis, éveille en elle une angoisse plus profonde. « Il a dit des choses humiliantes, en minimisant la situation, tout en niant tout acte sexuel », raconte-t-elle.
Le choc du lendemain
De retour chez ses beaux-parents, S.F. décide de se rendre dans un laboratoire pour effectuer un test toxicologique. « Je voulais des réponses, comprendre ce qui m’était arrivé. » Mais les résultats, effectués tardivement, ne permettent pas de confirmer la présence de GHB ou d’une autre substance.
C’est lors de son retour à Paris que S.F. porte plainte et se soumet à un examen médico-légal. Les premiers éléments révèlent des bleus sur son corps, renforçant son sentiment qu’un acte grave a été commis.
Une bataille judiciaire et médiatique
Depuis le dépôt de sa plainte, S.F. doit faire face à un double combat : judiciaire et médiatique. Elle accuse certains médias de la discréditer en dévoilant des éléments personnels, comme son identité, ou en relayant des interprétations erronées.
« Je n’aurais jamais imaginé qu’une partie de ma plainte puisse être diffusée, encore moins avec mes coordonnées. C’est extrêmement violent », déplore-t-elle. Malgré cela, elle reste déterminée à aller jusqu’au bout.
S.F. affirme avoir foi dans les institutions marocaines. « Si je ne croyais pas en la justice du Maroc, je n’aurais pas déposé plainte là-bas. » Elle espère que son combat permettra de briser le silence sur des pratiques comme la soumission chimique et d’apporter une reconnaissance aux victimes de violences similaires.