Au Maroc, la fin d’année 2024 s’annonce tendue pour les commerçants traditionnels et le secteur informel. La Direction des impôts impose une régularisation fiscale sur les sommes thésaurisées ou sans justificatifs légaux. Les concernés doivent s’acquitter d’un prélèvement de 5 % avant le 1ᵉʳ janvier 2025, sous peine de lourdes pénalités pouvant atteindre 38 %.
Cette mesure vise deux catégories : ceux possédant des biens immobiliers financés par des fonds non traçables et ceux détenant plus de 240 000 dirhams en cash chez eux. Les premiers doivent se présenter aux services des impôts pour régulariser leur situation, tandis que les seconds doivent déposer leurs économies dans une banque en payant directement les 5 %.
Selon Said Ouahbi, expert financier, interrogé par alyaoum24, l’objectif est de pousser les citoyens à abandonner le système du « bas de laine » pour intégrer les circuits bancaires. Cela permettrait de sécuriser l’argent, de le faire fructifier et de stimuler les flux financiers au bénéfice de l’économie.
Cependant, la mesure suscite méfiance et confusion, notamment parmi les classes moyennes et les petits épargnants. Pour apaiser les craintes, les autorités assurent qu’aucune poursuite judiciaire ni enquête bancaire ne sera menée à l’encontre des déposants. Si les autorités assurent, la méfiance persiste. « Conservez bien votre quitus fiscal », avertit Said Ouahbi, en cas d’éventuelle révision future.
Ce dispositif s’inscrit dans une dynamique globale visant à moderniser le système fiscal marocain. Le pays, sorti de la « liste grise » du GAFI en février 2023, doit poursuivre ses efforts pour lutter contre le blanchiment d’argent et renforcer l’attractivité des investissements étrangers.
Dans le secteur informel, qui représente un volume financier massif selon Bank Al-Maghrib, la mesure est perçue comme une contrainte supplémentaire. Beaucoup redoutent que cette réforme ne vienne fragiliser un modèle économique déjà sous pression, marqué par la hausse des coûts et la concurrence des grandes surfaces et du commerce en ligne.
Selon les données disponibles, le taux de bancarisation au Maroc reste limité à 54 %, bien en deçà des pays voisins comme l’Espagne et le Portugal, où il atteint 100 %. Cette situation freine l’inclusion financière et limite l’investissement dans des secteurs productifs.
Par ailleurs, le Maroc, sorti de la « liste grise » du Groupe d’Action Financière (GAFI) en février 2023, s’est engagé à renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent et à moderniser son système fiscal pour attirer davantage d’investissements étrangers.