Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a effectué une visite en Mauritanie pour participer à la Conférence continentale sur l’éducation, la jeunesse et l’employabilité organisée par l’Union africaine à Nouakchott. Pourtant, ce déplacement, qui aurait pu marquer un tournant symbolique, a été maintenu dans un cadre protocolaire sobre,
presque anodin.
Le président mauritanien Mohamed Ould El Ghazouani a choisi de confier l’accueil et le départ de son homologue algérien à son Premier ministre. Une décision remarquée, d’autant plus que certains chefs d’État invités, comme le président rwandais Paul Kagamé, ont bénéficié d’une réception par le chef de l’État lui-même.
Une sobriété calculée
Ce choix n’est pas anodin. Il s’inscrit dans la politique de "neutralité positive" prônée par Nouakchott, en particulier sur la question sensible du Sahara. En maintenant un protocole minimal pour Tebboune, la Mauritanie évite de donner un cachet politique à cette visite. Selon des sources locales, l’objectif est clair : préserver des relations équilibrées avec les deux grands voisins, le Maroc et l’Algérie, tout en veillant à ne pas froisser Rabat.
Les tensions diplomatiques entre Alger et Rabat, exacerbées par le dossier du Sahara, placent la Mauritanie dans une position délicate. Bien que Nouakchott reconnaisse la pseudo "rasd", le pays a pris ses distances avec les thèses séparatistes. Cette prudence s’est illustrée dès l’investiture d’Ould El Ghazouani, lorsque ce dernier a évité une photo officielle avec le chef du Polisario.
Un contexte pesant
Les relations entre les deux pays sont également marquées par des épisodes sensibles. Le souvenir de la mésaventure survenue en février, lorsque le convoi d’Ould El Ghazouani en Algérie avait subi un accident mortel, reste vivace.
Par ailleurs, l’accueil réservé à Tebboune met en lumière la volonté de la Mauritanie de ne pas être perçue comme un allié inconditionnel d’Alger, contrairement à d’autres voisins maghrébins. La Tunisie de Kais Saied, souvent critiquée pour son alignement sur la diplomatie algérienne, sert d’avertissement pour Nouakchott.
La Mauritanie privilégie des relations apaisées avec le Maroc, considéré comme un partenaire stratégique dans les domaines économique et sécuritaire. Les échanges commerciaux et la stabilité régionale renforcent ce lien. En évitant de donner une importance démesurée à la visite de Tebboune, Nouakchott réaffirme sa volonté de maintenir cette coopération tout en évitant de provoquer des tensions inutiles.