Le Canada prévoit une diminution drastique du nombre de résidents temporaires. Près de 1,2 million de visas arriveront à expiration dans les deux prochaines années, dans le cadre d’une politique visant à réduire cette population à environ deux millions d’ici 2026. Cette décision, annoncée par le gouvernement fédéral, intervient dans un contexte où la hausse rapide du nombre de résidents temporaires – passé à près de trois millions en 2023 – a accentué la pression sur les infrastructures publiques.
Entre 2021 et 2023, cette population a bondi de 150 %, contribuant à la pénurie de logements, à l’encombrement des systèmes de santé et à des tensions croissantes sur les transports publics. Pour le gouvernement, ce frein migratoire est une réponse directe à ces défis. Mais pour des centaines de milliers de résidents concernés, cela signifie un départ forcé, souvent après des années d’attaches personnelles et professionnelles au Canada.
Un impact social et économique lourd
La décision de restreindre les visas temporaires touche particulièrement les étudiants internationaux, qui représentent une part importante de cette population. Nombre d’entre eux ont investi des sommes importantes dans leur éducation au Canada et envisagent désormais des recours juridiques pour éviter une expulsion. Les entreprises canadiennes, notamment dans les secteurs de la technologie, de l’agriculture et de la santé, s’inquiètent également de perdre une main-d’œuvre qualifiée, indispensable à leur fonctionnement.
Certaines provinces, comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, s’opposent à cette politique, la jugeant contre-productive pour leur développement économique. Des associations de défense des droits des immigrés dénoncent quant à elles une approche déshumanisante, soulignant que de nombreux résidents seront contraints de retourner dans des pays où les opportunités sont limitées et les conditions de sécurité précaires.
Des justifications officielles sous le feu des critiques
Pour Marc Miller, ministre de l’Immigration, cette réduction est indispensable. « Nos infrastructures publiques ne peuvent plus absorber une telle pression. Cette mesure vise à garantir un équilibre économique et social, en répondant aux besoins des résidents permanents et des citoyens canadiens », a-t-il affirmé.
Le gouvernement espère également que cette mesure contribuera à calmer l’explosion des prix dans l’immobilier et à réduire les tensions sur le marché de l’emploi, où la concurrence s’intensifie. Mais pour de nombreux observateurs, cette politique pourrait aggraver les pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs clés et ralentir la reprise économique post-pandémie.
Un débat national et international
Si le Canada cherche à équilibrer ses impératifs économiques et sociaux, cette décision alimente un débat houleux. À l’échelle internationale, des critiques émergent sur le rôle du Canada en tant que terre d’accueil, à l’heure où de nombreux pays encouragent l’immigration pour soutenir leur économie.
À l’interne, ce choix reflète les tensions croissantes entre les besoins des infrastructures publiques, la pression sur le logement et les ambitions économiques d’un pays historiquement ouvert. Les mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir des résidents temporaires et l’image d’un Canada en quête de solutions face à des défis sans précédent.