C’est la grande messe de la tech africaine, le symbole d’un continent en quête de souveraineté numérique, l’incarnation d’un Maroc qui se rêve hub technoGitexue. Gitex Africa 2025 a de quoi impressionner. Marrakech accueille des milliers de participants venus des quatre coins du monde. Une effervescence sans précédent. Mais au-delà de l’image léchée et des panels bien huilés, un constat s’impose : on n’était pas prêts.
Dès les premières heures, les signes n’ont pas trompé. Embouteillages monstres, parkings saturés, files de taxis interminables… Se rendre sur le site du salon devient une expédition. Et que dire de l’hébergement ? Pas une chambre de libre à moins de vingt kilomètres. Des prix en flèche, une demande qui explose, et une offre qui sature. Marrakech est belle, mais elle déborde.
Et pendant que la ville cherche son souffle, l’ONCF, elle, reste muette. Aucune rame supplémentaire. Aucun train spécial. Rien. À croire qu’un salon international de cette ampleur ne mérite pas qu’on revoie les horaires. Résultat : des voyageurs bloqués, des professionnels obligés de se rabattre sur des bus, des voitures de location ou, pour les plus chanceux, des billets réservés trois semaines à l’avance. Le numérique avance à grande vitesse, mais nos trains, eux, restent figés.
On ne parle pas ici d’imprévus. On parle d’un manque flagrant d’anticipation. Car ce Gitex, on l’attendait. On l’avait annoncé. On l’avait promu. Alors pourquoi ce décalage entre le discours et la réalité ? Pourquoi cette impression, tenace, qu’on a déroulé le tapis rouge sans avoir vérifié si le sol tenait dessous ?
Le Gitex Africa est une vitrine, certes. Mais une vitrine doit reposer sur une logistique solide. On ne peut pas prétendre à l’excellence si les basiques ne suivent pas. Transport, hébergement, circulation : tout cela ne relève pas du luxe, mais du minimum.
Il est temps de comprendre que l’attractivité, ce n’est pas que des stands lumineux et des discours inspirants. C’est aussi – et surtout – une capacité à accueillir, à anticiper, à fluidifier. C’est ça, la vraie transformation.
Alors oui, Marrakech brille. Mais elle craque aussi. Et si l’on veut que le Maroc tienne son rang de hub africain de la tech, il va falloir plus qu’un bon storytelling. Il va falloir une organisation à la hauteur de l’ambition.
