Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est arrivé dimanche soir à Rabat pour une visite de quelques heures seulement. Au programme : une rencontre stratégique avec son homologue marocain Abdelouafi Laftit, centrée sur la coopération sécuritaire, migratoire et la lutte contre le trafic de drogue. Une séquence diplomatique express mais chargée d’enjeux, dans un contexte où les relations entre Paris et Rabat reprennent des couleurs, tandis que celles avec Alger virent à l’orage.
L’entretien entre les deux ministres intervient dans la lignée de la visite d’Emmanuel Macron au Maroc en octobre 2024, lors de laquelle avait été annoncé un « partenariat renforcé » entre les deux pays pour faire front commun contre l’immigration clandestine et les réseaux criminels transnationaux.
L’Élysée, qui avait officialisé durant l’été 2024 sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, a depuis notablement adouci ses rapports avec Rabat. Une décision stratégique qui a détendu l’atmosphère diplomatique entre les deux capitales, mais qui a simultanément envenimé les relations franco-algériennes.
Au cœur de la discussion : la question des réadmissions des ressortissants marocains en situation irrégulière en France. Un dossier sensible qui avait provoqué des tensions lorsque Paris avait divisé par deux le nombre de visas octroyés aux Marocains en 2021-2022, en réponse à l’absence de coopération de Rabat sur la délivrance des laissez-passer consulaires.
Jeudi dernier, lors d’un point presse, Bruno Retailleau avait affirmé vouloir « consolider les avancées » obtenues sur ces questions, notamment en matière de délais de délivrance des documents et de volumes de réadmissions.
La visite s’inscrit aussi dans un contexte de frictions diplomatiques croissantes avec Alger, farouche opposant à la position française sur le Sahara. Le ministre français des Affaires étrangères a récemment confirmé que 12 fonctionnaires français ont été sommés de quitter l’Algérie, révélant un nouveau pic de tension entre les deux pays.
Alors que Paris semble resserrer ses liens avec Rabat, la diplomatie française marche sur un fil étroit entre coopération régionale et crises bilatérales. La tournée éclair de Retailleau est un signal fort de ce réalignement stratégique. Reste à voir si les gestes symboliques se transformeront en avancées concrètes.
