Cinq ans après l'irruption du Covid-19, qui a bouleversé le monde, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tire un bilan contrasté. "Sommes-nous mieux préparés ? Oui et non", a déclaré à l’AFP Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Malgré des avancées significatives, "les mêmes vulnérabilités subsistent", a-t-il souligné.
Maria Van Kerkhove, responsable à l’OMS, partage cette analyse : "Le monde n'est pas encore prêt à affronter une nouvelle pandémie ou épidémie de masse". Les progrès réalisés depuis la grippe H1N1 et le Covid-19 sont réels, mais insuffisants face aux inégalités dans l'accès aux outils de lutte, comme les vaccins et les traitements.
Menaces émergentes et défis technologiques
Pour Marion Koopmans, virologue néerlandaise, les vaccins à ARN messager (ARNm) représentent un espoir majeur pour la prochaine crise sanitaire. Cependant, elle s'inquiète de la désinformation massive qui pourrait freiner leur adoption.
Tom Peacock, de l’Imperial College de Londres, met en garde contre le risque d'une pandémie de grippe aviaire H5N1. Si ce virus ne se transmet pas encore entre humains, sa propagation dans les espèces animales reste préoccupante.
De son côté, Meg Schaeffer, épidémiologiste américaine, estime que quatre à cinq années supplémentaires seront nécessaires pour renforcer les capacités de détection rapide et de partage d'informations.
Initiatives globales et coordination internationale
Face à ces défis, plusieurs initiatives ont vu le jour. En 2021, l'OMS a inauguré un centre à Berlin dédié à la prévention des pandémies. La Banque mondiale a également créé un fonds qui a alloué 885 millions de dollars à près de 50 projets dans 75 pays.
Sur le plan technologique, des centres de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm ont été lancés, notamment en Afrique du Sud, avec l’appui de l'OMS. Un centre mondial de formation à la biofabrication a également ouvert en Corée du Sud pour booster la production locale.
Vers un traité sur les pandémies
En décembre 2021, les pays membres de l’OMS ont convenu de travailler sur un accord international pour prévenir et gérer les futures pandémies. Mais des désaccords subsistent, notamment sur le partage des données relatives aux agents pathogènes et l'accès équitable aux vaccins et traitements.
L'OMS, qui a identifié une liste d'environ 30 agents pathogènes susceptibles de déclencher de nouvelles pandémies, appelle à un consensus d'ici mai 2025 pour mieux coordonner les efforts mondiaux.
Alors que les souvenirs du Covid-19 restent vifs, le monde est à un tournant. Entre initiatives prometteuses et défis persistants, la communauté internationale doit agir rapidement pour transformer les leçons apprises en mesures concrètes, avant qu'une nouvelle crise ne frappe.