Tanger, ville du Détroit, a encore une fois prouvé qu'elle sait faire la fête. Cette année, Tanjazz a sorti le grand jeu en offrant à son public quatre jours de folie musicale. Du Palais des arts et de la culture aux scènes improvisées dans les rues, la musique était partout, pour le plus grand bonheur des amateurs de jazz et… des autres aussi.
Pour sa 22e édition, le festival a fait peau neuve avec de nouvelles ambitions. « C’est une révolution d’une certaine façon », déclare fièrement Moulay Ahmed Alami, président de Tanjazz 2024. Le Palais des institutions italiennes, fief habituel du festival, a partagé la scène avec de nouveaux espaces, histoire de secouer un peu les habitudes. Le but ? Faire vibrer toute la ville, dedans comme dehors, et transformer chaque coin en piste de danse.
Et que serait Tanjazz sans ses grandes figures de la scène internationale ? Cette année, le festival a accueilli Omar Sosa et Majid Bekkas pour une ouverture explosive. Mélangez des notes afro-cubaines avec des sonorités gnaouies, et vous obtenez une alchimie musicale qui rappelle les grandes heures de Randy Weston et Mâalem Abdellah El Gourd.
Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas uniquement du jazz. La ville a également été conquise par les Gipsy Kings, qui ont transporté la foule avec leur rumba flamenca, en rendant hommage à Demis Roussos avec une interprétation émouvante de « Mourir auprès de mon amour ». Il y avait même une petite touche locale avec Hamid El Kasri et ses vibrations gnaouies, sans oublier des talents montants comme Jubantouja et Saad Tiouly.
Puis, est venu le bouquet final. C’est sur la scène de Bab El Mersa que le groupe marocain Hoba Hoba Spirit a fait exploser les décibels. Leur mélange de rock, de gnawa et de reggae a fait trembler les murs (et probablement quelques oreilles). Fidèles à leur style provocateur, ils ont déversé leur « Hayha Music » avec des tubes comme « Fhamator » et « Bienvenue à Casa ». À travers leurs paroles satiriques et piquantes, Hoba Hoba Spirit a une fois de plus montré qu'ils sont les porte-voix d'une génération marocaine désillusionnée, mais jamais sans humour.
